LEO  LAGRANGE

-61éme  Régiment d'artillerrie divisionaire -

-Officier de liaison avec  le  151éme  RI-

 

          Alors âgée de 39 ans à la déclaration de la guerre , Leo Lagrange , ancien ministre de la Jeunesse n’est pas mobilisable conformément à un décret ministériel .Cependant , il ne veut pas entendre parler et rejette également toute disposition accordé aux parlementaires de disposer d’une affectation sans risque.Le 8 septembre 1939 , il rejoint volontairement le commandement militaire n°11, et le 13 il reçoit une affectation mobilisée dans un parc d’artillerie
Ayant le grade de Brigadier , il rejoint le 15 septembre le peloton des Elèves Officiers de réserve de l’Ecole Militaire de Poitiers .Pendant trois mois , il s’efforcera de disserter sur les actions et les techniques militaires .Mais le plus dur est de se remettre à étudier les mathématiques afin de s’exercer aux calculs de tir d’artillerie .

A sa sortie du peloton des E.O.R de Poitiers , Lagrange se voit élevé au grade de Sous Lieutenant .Le 1er janvier 1940 , il est affecté au 61eme régiment d’artillerie de Metz , régiment d’appui du 151éme RI
Le 61éme RAD appartient à la 42eme division ( dite « division de fer » ) et il est titulaire de la fourragère rouge ( reçu le 21 juin 1921 la fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur après avoir été cité 9 fois à l’ordre de l’armée pour l’offensive de la Somme )

 

L'insigne  du  61éme  régiment d'artillerie divisionnaire

 

Cette unité est en première ligne en cette hiver 1940 mais est demeuré un régiment hippomobile alors que l’ennemi s’est doté depuis longtemps d’un matériel moderne.La batterie de 75mm est certes l’un des plus beau fleuron de l’armée française mais la traction par chevaux coutera cher à ce régiment lors de l’attaque allemande sur l’Aisne.Lors d’une attaque de Stukas , 90 % des chevaux du régiment stationné au fort de Brimont seront tués ou bléssés. Et sans chevaux , plus aucun moyen de déplacer les pièces d’artillerie

Commandé par le Colonel THEURILLAT depuis l’entrée en guerre , le régiment stationne entre Boulay et Bouzonville et c’est aux premiers jours de janvier que Léo Lagrange doit le découvrir.C’est d’ailleurs avec une certaine impatience et une certaine fierté qu’il attend son ordre de route

Affecté au IIIème groupe , Léo Lagrange rejoint son régiment à Lorry-Mardigny , plus particulièrement au château de cette localité ou l’Etat Major s’est établi.Il fait connaissance du Commandant Céleste FORT qui dirige le IIIème groupe.Lagrange découvre les taches modestes de cette période qui lui sont affectés .En témoigne cette lettre qu’il envoie à sa femme le 31 janvier :

« Mon grand chéri,
Les jours passent bien .Je me sent l’âme d’un ingénieur en continuant mes travaux de construction .Les artilleurs doivent savoir tout faire et spécialement ceux du III/61.Tu seras tout à fait gentille de demander au ministère de la guerre de donner un poste de TSF pour le foyer du III/61.Tu sais l’effort magnifique fait par le commandant pour ses hommes
Notre Coopé a fait prés de 100 000 F en six semaines .Elle distribue des primes aux naissances et des secours aux nécessiteux envoyés directement au moment de la permission à la femme .Dans ces conditions , l’état peut bien nous fournir un poste qui distrairait nos soldats …….. »

Certes dominé par son angoisse , Léo Lagrange a cependant de brefs accès de fragile gaieté
Il a vite fait de conquérir l’estime et l’amitié des membres de l’état major du IIIème groupe
Charles Henry , calculateur au poste centrale de Tir du IIIème groupe du 61eme , raconte sa rencontre avec son camarade de combat

« C’est le 16 février 1940 que je vis pour la première fois cet homme de haute taille. Il était souvent souriant et n’élevait jamais a voix .Je l’aurais volontiers « interviewé » si les circonstances avait été différentes , mais il n’était pas homme à se livrer aux confidences .Pourtant , ceux qui l’ont connu sous l’uniforme kaki , en ce printemps si faussement calme , avant de se muer en été tragique , ont gardé de lui au contraire le souvenir d’un être doux toujours courtois mais qui changer vite de conversation chaque fois que l’on abordait le terrain politique .Beaucoup de ses artilleurs de Metz auraient voulu recueillir quelques confidences de 1936 et ce qui s’en suivit »

Après Mardigny , l’état Major du IIIème groupe s’installe en différents endroits en Moselle , entre la ligne Maginot et la frontière , notamment à Téterchen et Piblange comme le 151eme RI

L'état Major du  IIIéme  groupe  du  61éme  RAD  ,  à  Lorry -Mardigny,  en  fevrier 1940 .

Au premier  plan  rang , de  gauche  à  droite : Le  sous  Lieutenant  MULLER ,  le  Capitaine  VOINIER ,  le  Commandant  FORT ,  le  Lieutenant FOURNIER  et le  Sous  Lieutenant  Léo  LAGRANGE .

Au  deuxieme  rang :  le Lieutenant  LEVY  ,  le  Médecin Capitaine   CREANCIER  ,  le  Caapitaine ZEIGER  et le Lieutenant FRESCHARD

 

C’est à partir du 10 mai que la guerre entre dans une phase de plus grande envergure. Lagrange , alors en permission , doit rejoindre son unité au front .Après un long voyage pénible , Lagrange rejoint dés le 11 mai le front en autobus
« Drôle de guerre » pensait il jusque maintenant , mais maintenant voila qu’approche le déluge de feu

A l’Etat Major du IIIème groupe , tous le monde parlent des possibilités pour maintenir et repousser la marée allemande
Lagrange est convaincu que la guerre sera dure et appelle à la contre offensive , prouvant ainsi son opposition viscérale à toute capitulation
Dés le 14 mai , les nouvelles sont dramatiques .Cinq jours après le début de l’offensive , l’équilibre des forces est rompu et l’armée allemande arrache une trouée de 90 km sur le front français .L’enfer durera encore cinq semaines

Le 61eme RA se trouve aux premières loges dans la tourmente.Accompagnant la 42eme division , il se replie sur le front de l’Aisne , où la division prend position entre Guignicourt et Neufchatel. La mission sera de tenir le cours de l’Aisne et d’en interdire le franchissement

C’est le 20 mai que le régiment quitte ses positions et gagne en train la région de Reims. Le IIIème groupe stationne d’abord au Fort de Brimont , puis à Orainville et enfin à Auménancourt
Lagrange devant ses compagnons se veut optimiste , moins abattu qu’eux .il veut encourager , stimuler , telle sera sa vision permanente

Ces lettres à son épouse qu’il écrit chaque jour montreront son optimisme

17 mai « Ma chère petite Mad ,
….Alors la grande bataille est engagé un peu partout .J’ai l’impression que nous devons tenir le coup et obtenir la décision assez vite .L’appel de Reynaud était bien ….. »

19 mai « Ma petite Mad chérie,
C’est le grand baroud .Nous maintiendrons .Je ne désespère pas , au contraire .Tout doit être sauvé .Nous ferons tout notre devoir …..Nous sommes comme toujours à la hauteur de notre tâche et nous sauverons notre pays ……Soit confiante et courageuse . Les lettres ne seront peut être pas nombreuses , mais j’écrirai aussi souvent que je pourrai…..L’arrière doit tenir .J’ai confiance .Léo »


Autant qu’au sort de sa famille et de ses proches , Léo Lagrange reste attaché au sort de ses camarades de son régiment

Alors qu’il vient d’arriver sur le front de l’Aisne , plusieurs lettres arrive à sa femme notamment le 23 mai montrant le retour à la réalité des combats

« Notre infanterie est splendide de courage .Elle sait qu’elle peut avoir confiance en nous .Voici plusieurs nuits ou je n’est pas dormi mais je tiens admirablement
Mauvaise nouvelle : Jacquinot vient d’être gravement blessé .Nous l’avons évacuer et il y a un mieux ….Je suis heureux de te savoir en sureté et de voir comme tu es courageuse …. »

26 mai : « Ma chère Mad
……Tu a raison de t’occuper des réfugiés du Nord .Dis leurs que nous luttons victorieusement …..Nos gars sont magnifiques. Je suis en liaison avec le fameux régiment qu’appuient nos canons .Les allemands ont retrouvé en face d’eux les diables noirs qui font pleuvoir sur eux un déluge de feu .Pour l’instant , nous les avons réduits au silence et ils remontent les pentes. L’équipe du III a donnée tout ce qu’elle pouvait ……. »

De l’épreuve de mai 1940 Lagrange sort durci et surtout plus intransigeant. Il ne veut songer qu’à la victoire

Aucune mission dangereuse ne se présente sans qu’il ne se porte volontaire .Il insiste auprès de son commandant de groupe pour obtenir les fonctions les plus exposés : l’observatoire d’abord , dont l’ennemi connaît bien souvent la position , puis la liaison avec l’infanterie.
C’est ce poste d’ailleurs qu’il occupe lorsque se déclenche l’attaque du 9 juin
Ses camarades de combats observeront de sa part son appétit du risque , conséquence de son état d’esprit de croire que son engagement n’est jamais suffisant

Le vendredi 7 juin , les bombardements sont déjà très intenses .La 8éme batterie du Capitaine De Toulouse Lautrec s’embarque pour Senlis


« Entre notre arrivé et le 9 juin ,raconte Charles Henry ,les calculateurs du 61eme , dont je faisais parti , eurent le temps de verrouiller tout le territoire occupé par l’adversaire , de l’autre coté de l’Aisne et du canal , par tout un répertoire de tirs portant sur les passages stratégiques d’une probable attaque massive .Mais l’artillerie, et notamment le calibre de 75 , n’était pas suffisante pour endiguer la marée qui allait nous engloutir »

Au milieu de ce paysage apocalyptique , LAGRANGE écrit sa dernière lettre à sa femme .Ayant toujours le même sentiment de résistance face à l’ennemi , elle est cependant porteuse d’un message qui fait figure de testament

« Ma chère petite Mad,

….La grande bataille a commencé et l’on tient solidement .J’espère que nous allons lancer la contre attaque pour prendre les Allemands de flancs. Mon impression est que nous allons gagner cette bataille grâce a la qualité de nos troupe ……Mais depuis 20 jours , ils ont flanqués les ennemis dans la rivière , ce qui devrait compter .Au fond tout va très bien , mais j’accumule et j’explose avec les copains .t puis j’exprime leurs sentiments du plus humble au plus haut .A bas les service , a bs les faux savants , à bas Spinasse ! Ils sont comptable du sang qui coule …..En attendant de leur dire avec quelques grenades offensives, je t’envoie des tas de baisers
Léo »


Le 8 juin au matin , la pression de l’ennemi est toujours aussi forte et le régiment essuie une nouvelle fois 3 bombardements.Un à midi puis à 14h et enfin le soir vers 23h30.Sur l’autre rive de l’Aisne , l’activité est intense et on comprend bien que l’ennemi concentre un incroyable dispositif de combat
On se couche tard , ce samedi 8 juin à l’Etat Major du IIIème groupe .C’est a ce moment que Charles Henry s’entretient une dernière fois avec Léo Lagrange dans une maison d’Auménancourt le Grand ou il s’est établit .Celle ci n’est autre que la maison du maire du village

« Etant calculateur au poste central de tir à l’état Major du IIIème groupe , je vivais au milieu des officiers .Mes relations avec le Lieutenant Lagrange , qui n’avait rien d’un être distant , étaient très sympathique, empreinte de simplicité et de gentillesse. Ce soir la , au environ de minuit , nous nous remettons des émotions d’un bombardement allemand .Nous l’avons commenté Léo et moi même , ainsi que quelques autres , avec un peu d’humour feint , sans nous douter d’ailleurs que ce qui venait de se passer n’était qu’un petit hors d’œuvre à coté de ce qui aller suivre
Lorsqu’il me dit « il faut que je me lève tôt , vers 4h du matin , je crois pour aller rejoindre les lignes des biffins » Je lui ai alors répondu : « eh bien mon Lieutenant , vous n’allez pas avoir votre compte de sommeil » Puis nous avons fait allusion à l’éventualité d’une attaque violente de la Wehrmacht , puisque plusieurs signes le laissait prévoir
Lagrange l’envisageait sans crainte , sachant qu’elle se produirait tôt ou tard .Cet homme de 40 ans qui n’était nullement obligé de rejoindre un régiment de première ligne a fait preuve jusqu’au bout d’un courage calme et tranquille .Et j’ai gardé pour lui une admiration sans borne , comme pour tout ce qui se sont battus à un contre cinq , contre un adversaire infiniment mieux armés , doté de chars et d’une aviation de combat .Nos fantassins ont étés admirables et il n’y a pas eu que des pleutres en 1940 »

Le 9 juin, l’offensive se déclenche au environ de 3h 45
Le front s’embrase et les 7éme et 9éme batterie DU IIIème groupe stationné à Auménancourt le Grand et le Petit appuie le 151eme RI .Elles sont aidées par les batteries du 146 RA.Lagrange est chargé de la liaison entre le 61eme RAD et le 151eme RI .A l’aube les cadavres hantent déjà les champs .Malgré la situation , Lagrange poursuit la mission qui lui a été confié .Ne pouvant imaginer la défaite un seul instant , il ne peut bientôt plus qu’opposer la barrière de sa poitrine .On connaît la suite .Lagrange tombe pendant la journée du 9 juin probablement surpris par un bombardement

Mais revenons au matin du 9 juin alors que le Lieutenant Lagrange part retrouvé les soldats du 151eme RI sur les bords de l’Aisne afin d’accomplir sa mission

Accompagné de son ami Jacques Chéron , sous officier de réserve au 61eme RAD , et du Capitaine Cherpitel du 151eme RI ,ils se rendent tous les trois au lisières Est du bois de Pissoy à l’ouest de Brienne .Il s’agit de relever les derniers détails des emplacements ou seront postés les pièces de 155mm chargées du tir sur l’usine d’Evergnicourt .Celle ci , ancienne papeterie , a été transformé par l’ennemi en place forte ayant une vue imprenable sur le champ de bataille
 


Jacques CHERON  ,  du 61éme  RAD

 

Un déluge de feu survient .Charles Henry dans son carnet de route le décrit :

« L’horreur commence .Les avions nous bombardent pendant des heures ainsi que l’artillerie. Nous restons presque tout le temps dans les tranchées d’Auménancourt .A midi , accalmie .L’après midi , cela reprend de plus belle .Les bombes tombent à quelques mètres de nous .C’est terrifiant .Le Lieutenant Lagrange et Chéron sont manquants .Le soir , Aldrigde et Petter manquent aussi à l’appel »

Le  secteur   nord-ouest  de  Brienne  sur  Aisne  .C'est  probablement  dans  ce  secteur  que  Léo  Lagrange  est  surpris  par  le  bombardement  .
C'est  à  cet  endroit   que  les  batteries  de 75 mm  devaient  probablement  s'installer . A droite de  la  photographie  ,  on  apercoit  trois  mats  blancs  appartenant  à  la  papeterie  d'Evergnicourt

 


Le 11 novembre 1940, Madeleine , toujours sans nouvelles certaines du devenir de son mari , ne sait seulement qu’il a été blessé le 9 juin au matin dans la région de Neufchâtel sur Aisne .
Aucune trace au niveau des camps de prisonniers , ni du service de l’Etat civil dénombrant les soldats tués malgré toutes les recherches entreprises

Le 18 décembre une correspondance avec le Commandant FORT , alors parti en Tunisie , amène des détails sur les dernières heures de son mari. Il évoque notamment sa dernière rencontre avec Léo Lagrange …

« J’aimais Lagrange pour son grand courage et son dévouement .Sa disparition remonte au 9 juin .Le 6 juin après midi , Lagrange , le Capitaine CHERPITEL du 2éme bataillon du 151eme RI et moi avions reconnu un observatoire avancé sur les bords du canal latéral de l’Aisne en vue de détruire l’usine d’evergnicourt .L’exécution de cette mission ayant été reporté au 9 juin , Lagrange a été volontaire pour la remplir .Le 9 juin à l’aube , l’offensive sur l’Aisne se déclenchait .Le bombardement a du surprendre Lagrange en pleine installation , au sud du canal , à la sortie Nord de Brienne sur Aisne .Sans nouvelles de lui dés le matin du 9 j’ai téléphoné à plusieurs reprises aux premiers et deuxième bataillons du 151eme RI pour demander des nouvelles .Rien .Au cours de l’après midi , j’appris qu’il était blessé légèrement au bras et soigné au poste de secours de Brienne sur Aisne .Certains autres renseignements m’indiquait que les brancardiers de la 42eme division l’avait évacué vers l’arrière ( ce qui se révélera inexacte ) .Le 9 au soir , je pris contact au PC du 151eme RI avec le chef de bataillon Bertrand qui m’a dit l’avoir quitté de bonne heure le 9 et ne pas l’avoir revu ensuite .Le 10 juin à Bourgogne , le Capitaine Pineau , chef du 1er bataillon du 151eme me disait qu’il avait entendu dire que Lagrange aurait été soigné au poste de secours .Ensuite le 10 juin après midi nous recevions l’ordre de repli sur la Vesle et avions l’espoir qu’il avait été évacué »

 

La  sépulture  du  sous officier de  reserve  Jacques  CHERON ,  au  cimetiére géneral  de  Beauvais .Il  fut  transféré   là aprés  guerre .Il  fut  inhumé  provisoirement  au  cimetiére  d'Auménancourt  le  Grand  à  la  suite  des  combats   

 

Voila en cette fin d’année 1940 , le peu d’information que la femme de Leo Lagrange possède .L’angoisse grandit avec le temps et la certitude de la mort annoncé grandit de jour en jour
C’est le 17 février 1941 que la triste nouvelle tombe .Quelques jours auparavant un officier allemand déclare avoir inhumé le 9 juin 1940 à Evergnicourt dans l’Aisne , un officier français dont les papiers étaient ceux d’un député ancien ministre
Le doute n’est plus permis .Cependant , il est fort probable qu’étant grièvement blessé suite au bombardement , Lagrange fut envoyé sur l’arrière du front allemand ( probablement au château de Guignicourt , servant de poste de secours ) mais ne  survécut pas à ses blessures au moment du transport et fut inhumé a Evergnicourt

Sa sépulture fut retrouvée quelque temps auparavant par le cantonnier du village.Un jour de janvier 1941 , le 9 plus précisément , Mr Edouard Estiez , habitant Neufchâtel mais travaillant à Evergnicourt , découvrit fortuitement la tombe de l’ancien ministre

Lors de sa pose , voulant améliorer l’ordinaire par cette sombre période , le cantonnier abandonna la route qu’il remettait en état et s’enfonça dans les buissons à la recherche d’ un terrier .Sur le chemin du retour au pied du talus couver d’herbes folles , il trébucha
Une humble croix faite de deux branches de noisetiers et ou était apposé une plaque d’identité ou figurer les inscriptions suivantes : Leo Lagrange , classe 1920 , recrutement de la Seine

Le cantonnier dégagea la tombe et l’entoura d’un faisceau de branche afin de la protéger .Quelques fougères vinrent fleurir la tombe provisoirement

 

La  tombe   de  Léo  LAGRANGE  , en  1941 alors  que  le  cantonnier  d'Evergnicourt  vient de la découvrir

 

 

C’est aussi à lui que revint la tache de prévenir Mme Lagrange de la triste nouvelle

Le 15 mai 1941 la dépouille de Léo Lagrange était transféré au cimetière d’Avaux en présence de Mme Lagrange et de ses amis proches .Malgré l’occupation , cette cérémonie pour son exhumation est autorisé et réuni un grand nombre de personne sur le bord de la route nationale Reims-Vervins .On aperçoit de cette endroit l’usine d’Evergnicourt bombardé.La nuit même dans le petit cimetière , un drapeau tricolore fut planté sur sa tombe au nez de l’ennemi.

L'entrée du  petit  cimetiére  d'Avaux  où fut  transféré le corps

 

De nombreux témoignages parvinrent à Madeleine Lagrange .Notamment le 4 juin 1941 , celui de l’abbé Lagarde , aumônier du 151éme RI :

« ce qui m’attirait vers le Lieutenant Leo Lagrange , c’était sa grandeur d’âme .Il comprenait et il était noble dans tous ses sentiments .Dans un milieu qui été plutôt porté à lui reprocher son passée , il était devenu sympathique , et cela sans rechercher , sans flatter , sans faire de concession , en étant tout simplement lui-même …….Pas d’ambition mais le désir de bien faire et d’être en règle avec sa conscience …. »

Par décret du 22 octobre 1941 , sur proposition du Commandant Fort et du General Huntzinger , Leo Lagrange sera cité à l’ordre de l’armée

« officier de liaison d’un dévouement absolu et d’un courage sans pareils .A rendu , comme observateur avancé , les plus grands services à l’infanterie de la division .Est tombé mortellement frappé le 9 juin 1940 à son poste de combat, au sud de l’Aisne au moment ou il se préparait à détruire l’usine d’evergnicourt occupé par l’ennemi »

 

          

 

De la  stéle  on  apercoit    le  clocher  d'Evergnicourt   et  à  gauche  derriere  la  maison ,  les trois  cheminées   de la  papeterie

 

 

Après guerre son corps fut transféré au cimetière de Bourg et une stèle fut érigé en bordure de route à Evergnicourt