Soldat Jean Bernard
-Compagnie de transmission -
Jean Bernard se trouve le 16 juin avec le P.C. du régiment . à Vougrey
« Le 16 juin, vers 1 heure du matin, le PC quitte VILLECHETIF et nous nous dirigeons vers la RN Paris Bâle, à l’ouest de LUSIGNY, pour tenter de franchir la Seine. Un dur accrochage se produit et nous pouvons passer la Seine à Courtenot.
Vers midi, je fais partie des premiers éléments qui arrive au hameau de Vougrey. Un avion allemand nous survole quelque temps et lâche une fusée blanche ; nous savons donc que nous sommes repérés.
Le Colonel DAVAL arrive à son tour et installe son PC .Il est accompagné du Commandant DAVEAU , des Capitaines CAPDEBOSQ , MALFRE , DENEFLE, les Lieutenants SCHILLING , WEIL , , Sergent LE BERRE , Sergent Chef VANHOUTTE, Caporal Chef WINOKOU, les soldats PRODHOMME et LAURY et 3 ou 4 autres dont je ne me rappelle plus les noms.
Pour ma part, je suis avec Simon RENAULT, Emile DUCOIN, et 4 autres que je ne connaissais pas.
Nous entendons des coups de feu vers Lantages et les Bordes. Le Capitaine DENEFLE vient d’arriver et à informer le Colonel que le Lieutenant GUILLLOUET a été tué au Bordes par une automitrailleuse qui, à son tour, a été détruite. Il signale qu’une 2ème automitrailleuse est « en maraude »
Arrive alors en courant le Capitaine BLACHAS , avec l’unique canon de 25 mm qui reste et 3 servants. Il se met en batterie , à coté d’un petit muret et abrité par 1 ou 2 arbres .
Nous voyons alors arriver l’automitrailleuse qui venait des Bordes par la Rocatelle et prend le chemin de terre .Le Capitaine BLACHAS s’installe au poste de tir et recommande l’immobilité totale .Il laisse s’avancer le véhicule à peine à 50 mètres .C’est un spectacle terrible et fascinant ! Le coup part et arrive en plein but. Un 2ème obus et dernier obus est tiré .Il y a un seul survivant qui essaie de se dégager par la tourelle ; il est impitoyablement abattu par le soldat DUCOIN.
Contrairement au récits fantaisistes , il n’y a pas de camions transportant des soldats hurlants .Nous organisons nos postes de combat, je suis posté derrière un tas de fagot, Enzo CAFFI occupe l’angle d'un batiment en face et me signale que , par les interstices du mur il voit quelques soldats allemands disposés en tirailleurs et qui avance prudemment .Il est évident que , en ce genre de combat , on observe un silence total !
Puis c’est un lancé de grenade incendiaire dont 4 atteignent leur but et le long d’un muret ou se mettent à flamber de la paille et du fourrage. La 4ème arrive dans la cour , à 4 ou 5 mètres de moi et ne cause aucun dommage , sinon de m’assourdir pendant quelques secondes .
Puis brusquent CAFFI me prévient qu’il va tirer au pistolet , à découvert et me demande de le couvrir. Il réussit à descendre 2 ou 3 allemands mais touché par une balle dans la région du cœur , il doit se replier vers le poste de secours .Je suis alors seul et tente alors désespérément le tout pour le tout et saute vers l’angle opposé ou se trouvait CAFFI .Je plonge ensuite vers une petite margelle de puits et voit alors 3 allemands mitraillettes au point , grenade à la ceinture et qui longe prudemment le mur .Il m’est évidement impossible de me découvrir et gagne en rampant et à reculons le fossé à coté duquel l’automitrailleuse a été démolie .Je rejoins alors mes camarades .J’ai échappé , d’après eux à 2 rafales .Je saurai par la suite que le Colonel DAVAL à vu la scène et a cru pouvoir aussi traverser la cour .
Si la paille qui brûle le long du muret cela ne nous pose pas de problème immédiat , le bâtiment ou est réfugié le Colonel DAVAL est atteint sans toutefois être embrasé. Mais le Colonel DAVAL préfère tenter une sortie et nous voyons la porte s’ouvrir et le Colonel s’apprête à s’élancer .Je lui hurle d’attendre d’être couvert car je suis à peu prés certain que des tireurs sont en embuscade vers l'endroit que CAFFI et moi avons du abandonner quelque temps avant
Le Colonel DAVAL hésite un peu puis se précipite vers le petit mur dans la cour ou il y a quelques arbustes , des branchages et quelques pierres .Malheureusement , une rafale part ( de l’endroit prévu ) et le fauche ; instinctivement , il essaie de ramper et une 2ème rafale l’achève .Il est impossible de tenter quoi que ce soit car les mitraillettes allemandes ballait la cour de la ferme. Les combats reprendront mais le mur le long duquel le Colonel a tenté de se dissimuler , s’écroule , miné par le feu et quelques pierres rouleront jusqu'à son corps
La nuit tombe , les Allemands lâchent prise , emmenant quelques prisonniers .Nous nous regroupons le long des murs , le feu est mis au drapeau , puis au 2 chenillettes , 1 voiture de tourisme sont détruites ainsi que quelques bandes de mitrailleuses totalement inutile .
Aprés le Colonel , avec le drapeau voici le deuxiéme symbole du régiment qui disparait
Le Commandant DAVEAU nous divise en 4 groupes d’environ 12 chacun :
-1er groupe : Capitaine DENEFLE- Lieutenant SCHILLING –Sous Lt BOVERAT
-2ème groupe : Capitaine CAPDEBOSCQ et MALFRE-Sous Lt Bro
-3ème groupe :Commandant DAVEAU ,
4ème groupe :Chef de Bataillon BERTRAND, Capitaine BLACHAS, Sous Lieutenant LAYRAC ( un peu plus étoffé : 15 hommes )
Je fais partie du groupe du Commandant DAVEAU qui quitte Vougrey en dernière position et se dirige vers Chaource .Nous avons 2 blessés . André BODIN , blessé au visage et CAFFI avec une balle dans la région du cœur .
Dans un épais brouillard , nous nous rendons compte que nous sommes dans les lignes allemandes au bruit des moteurs et au appels. Vers 7 heures du matin le jour se lève et nous nous devant un groupe de 5 chars .
C’est la captivité.